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Bois

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BOIS DÉPÉRISSANTS EN AUVERGNE-RHÔNE-ALPES / TRANSFORMER LA CRISE EN OPPORTUNITÉ

La forêt française représente 31% du territoire et capte 40 millions de tonnes de CO2 par an (ONF et CNPF). En Auvergne-Rhône-Alpes elle couvre 35% du territoire et capte environ 6 millions de tonnes de CO2 par an. Subissant de plein fouet les effets du changement climatique, elle traverse actuellement une crise sans précédent qui se traduit notamment par une augmentation de 80 % de la mortalité des arbres en dix ans (période 2013 – 2021).

Le dépérissement des arbres constitue aujourd’hui un défi majeur : 670 000 hectares touchés entre 2006 et 2021 en France, soit l’équivalent de 35 années d’incendies. Cette situation a réduit de 30% la capacité d’absorption de carbone de nos forêts sur la période 2013-2021.

Sécheresses, feux et prolifération de nuisibles comme les scolytes fragilisent nos écosystèmes forestiers. La valorisation des bois dépérissants en bois d’œuvre et leur acceptabilité devient cruciale pour maintenir les fonctions essentielles de la forêt : le stockage carbone, la protection des sols, la qualité des eaux, la préservation de la biodiversité, l’accueil du public pour les activités de loisirs, la cueillette, la chasse, la culture… et la production de matériaux renouvelables qui alimentent une filière employant 450 000 personnes en France dont 63 000 en Auvergne-Rhône-Alpes. 


UNE FORÊT EN MAUVAISE SANTÉ RÉDUIT
SA CAPACITÉ À STOCKER LE CARBONE

Avec sa couverture forestière de 2,5 M d’hectares, le forêt d’Auvergne-Rhône-Alpes a une contribution importante au niveau national dans la séquestration et le stockage de carbone. 

Le stockage carbone forêt en France est en moyenne 87 tonnes/ha selon rapport de l’observatoire des forêts françaises.

Les causes anthropiques du changement climatique sont connues, parmi elles, les émissions de certains gaz dont le CO2 qui sont directement responsables de l’accroissement de l’effet de serre. Pour limiter le réchauffement climatique, sachant que le moindre dixième de degré compte, l’humanité doit réduire ses émissions de gaz à effet de serre et doit dans le même temps augmenter la captation et le stockage de carbone. Or il existe aujourd’hui 2 principaux « puits » de carbone sur la planète : les océans et les forêts. C’est sur la forêt que l’homme peut agir, en valorisant plus de bois pour ses usages notamment en construction et en rénovation de bâtiments. En se substituant à des matériaux moins vertueux, les bois utilisés dans les produits ainsi employés permettront de stocker durablement le carbone absorbé par les arbres en forêt. Pour garantir dans le temps la capacité de la forêt à se régénérer et à poursuivre son rôle environnemental, les forestiers doivent la gérée de manière durable en respectant la réglementation française voire en mettant en place des certifications de gestion durable comme PEFC ou FSC.

On considère aujourd’hui que la forêt française séquestre 9% des émissions nationales de gaz à effet de serre : la lutte contre le réchauffement climatique ne saurait donc se concevoir sans la forêt. Cependant, une forêt en mauvaise santé voit sa fonctionnalité de photosynthèse (absorption de dioxyde de carbone-CO2 et émission d’oxygène-O2) entravée et son rôle de puits de carbone mis à mal. 

Les forêts françaises ont séquestré 63 millions de tonnes de CO2 en moyenne par an de 2010 à 2015 dans la biomasse et probablement 20 millions de tonnes supplémentaires par an dans les sols. Entre 2014 et 2022, les forêts françaises ont absorbé 24 millions de tonnes de CO2 en moins que les 8 années précédentes. Selon l’IGN le stock de carbone continue d’augmenter mais un ralentissement notable est observé à cause de la multiplication des crises sanitaires (scolytes de l’épicéa…) combinées à des périodes de fortes variations climatiques (sécheresses et canicules). Ces phénomènes récurrents réduisent la production biologique des arbres c’est-à-dire leur assimilation de carbone par photosynthèse et augmente leur mortalité.

Source : Observatoire des forêts françaises

  LES ESSENCES VULNÉRABLES EN AUVERGNE-RHÔNE-ALPES

Depuis 2018, les sécheresses répétées et les fortes chaleurs fragilisent massivement les forêts régionales. Olivier Baubet, chef du Département Santé des Forêts à la DRAAF AuRA (Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt), souligne que les principales essences victimes des crises sanitaires sont dans notre région les épicéassapinschênes, châtaigniers et pins sylvestre mais aussi le hêtre et le frêne même si ces essences sont aujourd’hui encore peu valorisées en bois d’œuvre.

Les causes du dépérissement sont compliquées à appréhender. Il n’existe pas à proprement parler une seule et unique cause du dépérissement des arbres en forêt. Elle sont multifactorielles comme l’illustre la spirale du dépérissement souvent utilisée par les forestiers pour expliquer la complexité du phénomène. Les observations faites convergent cependant vers un dénominateur commun, le réchauffement climatique et en particulier ses conséquences en matière de répétition des sécheresses et des épisodes de canicules.

Ainsi les épicéas dépérissants sont aujourd’hui victimes du scolyte alors qu’ils vivent en co-évolution depuis des milliers d’années ces insectes profitent de l’affaiblissement des arbres par les sécheresses et les canicules répétées. Ils sont aussi parfois si nombreux que les défenses naturelles d’un arbre sain ne peuvent y faire face car le réchauffement climatique induit des cycles de reproduction des insectes ravageurs plus nombreux avec une mortalité plus faible.

Comment détecter une infestation ?
Un épicéa infesté par les scolytes se reconnaît à des dépôts de sciures sur le tronc et à son pied. Un suivi minutieux des peuplements forestiers doit permettre de détecter de manière précoce les attaques afin de les enrayer et d’en minimiser l’impact sur la qualité des bois. Il faut couper l’épicéa scolyté avant la fin du cycle larvaire pour limiter la contamination, soit 7 à 12 semaines à partir du début présumé de l’attaque en fonction des températures puis l’écorcer et/ou l’extraire du massif forestier. Le dépérissement de l’arbre s’observe par un changement de couleur des aiguilles qui passent du vert au brun puis par leur disparition totale.

Les sapins sont quant à eux plutôt des victimes directes des sécheresses et canicules répétées. Les arbres situés à moins de 900 à 1 000 m d’altitude et/ou sur des sols à faible capacité de rétention d’eau et/ou sur des versants fortement exposés au soleil (Sud – Sud-Ouest) étant plus fragiles.

Pour les chênes, les autres facteurs prédominants sont les variations thermiques brutales et les évènements météorologiques (orages violents, grêle et tempêtes). Il est observé sur cette essence un phénomène d’embolie gazeuse, conséquences de la sécheresse et de la canicule, qui provoque la fragilisation ou la mort de l’arbre. Il s’agit d’une entrée d’air dans le circuit de circulation d’eau de l’arbre qui entraine la rupture de ce circuit. Les arbres fragilisés sont plus vulnérables aux attaques d’insectes ravageurs.

Info+ hors région
Fin 2025, un foyer de nématodes du pin est détecté pour la première fois en France, en Nouvelle-Aquitaine, région qui comporte d’immenses surfaces de pin maritime. Ce ravageur des pins est particulièrement redouté car il provoque le flétrissement, voire la mort de l’arbre en quelques semaines. Compte-tenu des risques sanitaires et de leurs impacts économiques potentiels, des mesures strictes de lutte contre la prolifération de ce ravageur ont rapidement été mises en place et sont révisées régulièrement avec les acteurs de la filière. Informations officielles à suivre sur : https://agriculture.gouv.fr/actualite-en-sante-des-forets

Pour aller plus loin : Focus sur les essences vulnérables d’Auvergne-Rhône-Alpes 
L’épicéa
Le sapin
Le chêne

▲ Spirale du dépérissement

PRESERVER LES QUALITÉS DU BOIS DÉPÉRISSANT :
UN ENJEU DE FILIERE

Les ventes de bois sont essentielles pour les propriétaires forestiers, elles permettent de réinvestir dans la forêt, en gestion, en plantation… Même si certaines caractéristiques peuvent être affectées d’ordre esthétique par exemple pour l’épicéa, le bois dépérissant conserve la plupart de ses qualités essentielles pour une utilisation en bois d’œuvre.  

Il est donc primordial que toute la chaîne des acteurs de la construction, scieurs,  charpentiers, menuisiers, architectes et maîtres d’ouvrage soient sensibilisés, prescrivent et acceptent de mettre en œuvre du bois issus de coupes de bois dépérissants.

Enrayer la dévalorisation économique

Il faut agir rapidement dès les premiers signes du dépérissement quelqu’en soit la cause. Une fois l’arbre coupé, il doit être amené en scierie où il sera écorcé ou immergé dans l’eau pour éviter ou interrompre un cycle larvaire d’insectes (scolytes…) et éviter ainsi toute prolifération.

La dévalorisation économique des bois infestés intervient immédiatement avec une perte de volume de bois pour les qualités « charpente » quelle que soit l’essence. Cette perte de valeur se poursuit avec le temps jusqu’à être totale à 8 mois. Les tableaux ci-dessous, montrent l’évolution du prix de vente du bois sur pied de l’épicéa et du sapin dépérissant :

Source : Office National des Forêts

Les maîtres d’ouvrage, prescripteurs et artisans doivent favoriser l’emploi de bois dépérissants qui ne subissent la plupart du temps que des dégradations d’ordre esthétique (voir fiche par essence). Ils doivent accepter l’emploi de ces bois dans leurs ouvrages sans pour autant en faire la demande spécifique car l’objectif n’est pas de favoriser le développement des bois dépérissants en forêt mais bien de s’adapter aux flux irréguliers de ce type de bois. Il convient donc dans un document de consultation d’indiquer par exemple « bois issus d’exploitation de forêts atteinte par un dépérissement acceptés (épicéas scolytés…) si les caractéristiques propres à l’usage sont respectées ».

COMMENT ADAPTER NOS FORÊTS AU CHANGEMENT CLIMATIQUE ? 

Les propriétaires forestiers privés et publics peuvent respectivement s’appuyer sur le Centre National de la Propriété Forestière (forêts privées) et l’Office National des Forêts (forêts domaniales et publiques soumises au régime forestier). Ces 2 entités mènent des travaux et réfléchissent à des solutions avec des organismes de recherche comme l’INRAE pour rendre la forêt plus résiliente aux effets du changement climatique. Avec les connaissances actuelles, les préconisations consistent notamment à dynamiser le renouvellement de la forêt, à éclaircir les peuplements, à mélanger les essences, à privilégier certaines associations d’essences, à favoriser la diversité génétique et à faire de la migration assistée. Les forestiers disposent aussi d’outils sylvoclimatiques qui ont pour objectif de les aider dans la gestion des peuplements tout en prenant en compte l’évolution du climat.

Pour les forestiers, l’objectif est également de parvenir à la résilience d’une forêt par la diversité. Dans le choix des essences, dans les structures de peuplements, dans les modes de gestion pour garantir une interaction plus forte entre zones de production et zones de protection intégrale.

Partager les expériences et mettre en place des outils efficaces

Les forestiers et les professionnels de la filière partagent leur expérience et mettent en place des outils efficaces de suivi :

• Un Comité régional de Surveillance Sanitaire réuni 2 fois par an l’ensemble de la filière (pépiniéristes, entrepreneurs de travaux forestiers, gestionnaires en forêt publique et privée et scieurs). Cela permet de suivre l’évolution de la situation à l’échelle de la région.
• Des développements de systèmes de suivi par télédétection et la mise en place de bulletins sanitaires réguliers pour les forêts publiques par l’Office National des Forêts.
• Des diffusions de bulletins sanitaires réguliers par le Pôle Santé des Forêts de la DRAAF AuRA et le suivi des dépérissements par un collectif de 35 correspondants-observateurs répartis sur la région.

Pour aller plus loin :
↪ CNPF – Changement climatique et forêts 
ONF – Adapter les forêts au changement climatique
↪ ONF – Changement climatique et dépérissement, pourquoi il faut agir en forêt
↪ Le site web du CNPF
↪ Le site web de l’ ONF
↪ Les forêts françaises sous monitoring

↪ Le dossier de l’INRAE « Changement climatique et risques, un monde de forêts
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Les outils sylvoclimatiques :
Cysife 
Climessence
Bioclimsol
ESPERENSE
ARCHI
SILVAE
Forêt Mosaïque
Projet GIONO

Découvrez tous les liens utiles dans le domaine de la construction bois en région Auvergne-Rhône-Alpes.

Siège social :
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Site de Clermont-Ferrand :
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Tel. 04 73 16 59 79 — Facebook

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Le projet «Elan Massif : Bois Central» est cofinancé par l’Union européenne. L’Europe s’engage dans le Massif central avec le fonds européen de développement régional.